Hachiko

L'année 2023 marque le 100ème anniversaire de la naissance de Hachiko, qui fut fêté dans tous les rassemblements sur les Akita Inu, des festivités et des défilés furent organisés lors du Honbuten d'Automne.

La vraie et inconnue histoire d’Hachiko


(Sho Shiozawa, professeur de l’université de Tokyo)

    On peut affirmer que Hachiko est le chien le plus connu au Japon et plus largement au monde. Il semble bien que le remake Hollywoodien de « L’histoire d’Hachiko » (« Hachiko Monogatari », 1987), film de la société Shochiku Eiga ; ait contribué à faire connaître Hachiko dans le monde entier.

     L’auteur de cet article a trouvé les informations qui suivent dans des documents appartenant à une association dont il a pris la direction du secrétariat, association dont les volontaires ont appelé à ériger une statue en l'honneur de Hachiko et du professeur Hidesaburo Ueno à l’intérieur de l’université en 2015, soit 80 ans après la mort de Hachiko. Le professeur Ueno, propriétaire de Hachiko, était spécialiste de l’ingénierie agricole et du génie civil agricole dont il avait créé le département académique dans cette université.
     Il est communément admis que Hachiko accompagnait tous les jours le professeur Ueno à la gare de Shibuya lorsque celui-ci allait à son travail, qu’il venait l’y attendre et, qu’ignorant la mort de son maître, il continua à aller l’attendre à la gare, mais c’est inexact.

    Le professeur Hidesaburo Ueno enseignait à l’Université de Tokyo , mais le département de l’agriculture était à l’époque basé à Komaba. La maison du professeur Ueno était située à Shoto, un quartier de Shibuya proche du campus de Komaba, et le professeur se rendait à pied sur son lieu de travail. Il prenait souvent le train à la gare de Shibuya, mais c’était lorsqu’il se rendait sur le site agricole expérimental du Ministère de l’Agriculture et du Commerce situé à Nishigahara (Kita-ku) pour y prendre la direction des tests agricoles qu’on y pratiquait, ou lorsqu’il allait faire l'inspection des sites d’ingénierie agricole dont il avait la responsabilité. Étant donné que ces sites étaient dispersés dans plusieurs endroits en province, jusqu’en Corée du Sud et à Taïwan, qui étaient à l’époque des colonies japonaises, les déplacements d’inspection du professeur s’étalaient probablement sur de longues périodes.
     On peut penser que Hachiko se mit à attendre son maître à la gare de Shibuya après avoir compris, intelligent comme il l’était, et sur la base de son expérience passée, qu’après une longue absence, le professeur revenait par la gare de Shibuya.

    Keita Matsui, curateur du Museum of Litterature du Shibuya Memorial History Museum, raconte que selon les dires des descendants de la famille, il arrivait que le professeur revienne d’un déplacement lointain sans avoir prévenu la famille de son retour et, comme Hachiko l’attendait à la sortie de la gare, tout surpris et joyeux de le voir, le professeur se mette à jouer pendant un long moment avec son chien.
     Le jour où le professeur mourut subitement pendant l’un de ses cours, Hachiko était allé l’attendre à la sortie du campus comme d’habitude, mais ne le voyant pas sortir, revint à la maison. Il se serait ensuite enfermé dans un débarras où étaient déposé les derniers vêtements portés par le professeur et n’aurait rien mangé pendant trois jours. Pendant la cérémonie funéraire, il se serait blottit sous le cercueil et n’en voulut plus bouger.
     Il paraît difficile à un chien de comprendre ce qu’est la mort mais Hachiko avait senti qu’il était arrivé quelque chose d’anormal au professeur. Il se mit à aller l’attendre à la gare de Shibuya plus de deux ans après.

    Hachiko alla ainsi attendre son maître à la gare jusqu’à sa mort car dans sa tête était sans doute gravé le souvenir de ces grands moments de joie : celui de voir soudain apparaître son maître à la sortie de la gare, de sauter sur lui pour lui manifester sa joie, puis de jouer avec lui.


     Un autre fait peu connu concerne l ‘épouse du professeur Ueno, Yaeko, qui, pour Hachiko, était un autre maître dont l’existence était particulière et à laquelle il était très attaché.
    Yaeko n’était pas mariée avec le professeur Ueno dont le père s’était opposé à cette union. A la mort du professeur, elle ne put hériter de rien et du même quitter la maison où elle avait vécu pendant de longues années. Elle ne put prendre en charge un chien aussi grand que Hachiko et le confia au jardinier de la maison qui s’en occupa jusqu’à la mort du chien.
     Kochiki Saito, un chercheur qui travailla à faire connaître l’Akita Inu et se consacra à la protection de la race, raconte ce qu’il a vu lorsque Yaeko visita Hachiko, qui était alors un vieux chien, « dès que la voix de la visiteuse se fit entendre dans l’entrée de la maison, Hachiko qui jusqu’alors, affaibli par la chaleur, était étendu de tout son long par terre et respirait en haletant, Hachiko se leva soudain en remuant frénétiquement la queue, se précipita dans l’entrée et sauta sur la veuve du professeur. De toute l’existence de Hachiko ce moment aurait été le plus émouvant ».

     Si Hachiko avait pu revoir le professeur Ueno à la gare de Shibuya, on peut imaginer combien ce moment aurait été encore plus émouvant.

     La raison pour laquelle Hachiko revint attendre son maître à la gare de Shibuya, ce n’est ni par habitude, ni par fidélité, c’est probablement parce qu’en allant à la gare où il avait tellement de souvenir, il pensait pouvoir rencontrer à nouveau le professeur Ueno qu’il aimait tant et qui lui avait témoigné tellement d’affection.
     Ce lien d’amour ; qui existe entre l’homme et son chien, est profondément touchant.


     N’est ce pas cela, la véritable histoire de Hachiko.


Article extrait de la revu « Akita Inu » de Akita Inu Hozonkai de Septembre-Octobre 2018. Traduction François VILLEMIN.

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